Une carrière navale
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L’année de ses 14 ans fut marquée
par de mauvaises récoltes et des disettes dans la région.
S'embarqua-t-il dès lors comme mousse afin de ne plus être
une charge pour ses parents ? Mais la qualité des lettres qu’il
laissa m'incite à croire qu'il poursuivit son instruction jusqu'au
collège - celui du quartier Saint-Pierre, le plus ancien de
Saintes ?
A 17 ans, en 1786, il entra dans la 8e division du « Corps Royal
de la marine », dans l’artillerie. Ce corps, d'après
un site québécois consacré à la marine
, existait depuis 1772 et était composé de huit régiments
des ports, dont celui de Rochefort. Leurs drapeaux portaient, pour
la première fois, l'ancre de marine. Ils comprenaient chacun
deux bataillons, dont un de bombardiers et un de canonniers. Mais,
en 1774, « les huit régiments furent dissous et remplacés
par un « corps royal d'infanterie de marine » lequel fut
à son tour supprimé en 1786. » Puis, en 1792,
furent remontés « quatre régiments d'infanterie
de marine, destinés à la garde des ports et des arsenaux
et au service des fusiliers à bord des navires de guerre. Chacun
comptait deux bataillons à huit compagnies de quatre-vingt-dix
hommes. Ils furent supprimés comme leurs devanciers et versés
dans l'artillerie de marine qui se chargea dés lors des services
de fusiliers et de canonniers. Il n'y eut plus d'infanterie de marine
jusqu'en 1822. »
Pierre, affecté à l'artillerie, fut chargé de
l'entretien et du maniement des canons à une époque
cruciale de l'histoire de la marine. L'artillerie des 17e et 18e siècles
n'avait guère évoluée, explique Jean Boudriot,
spécialiste de la marine de guerre . Les vaisseaux se tenaient
sur cinq rangs et seuls les trois premiers étaient composés
de vaisseaux destinés à combattre en ligne, avec une
artillerie de 50 à 110 canons, répartis en batteries
ou étages (complétés) par une artillerie de petit
calibre, installée à découvert sur le haut des
vaisseaux et n'ayant qu'un rôle très secondaire. »
C'est seulement à la fin du siècle que la marine française
monta en puissance. A partir de 1786/1790, sous l'impact de la guerre
d'Amérique, le matériel fut modernisé et les
bateaux uniformisés. La stabilité et la puissance de
frappe de la marine française devait lui permettre de dominer
sa rivale anglaise, alors que les combats navals prenaient dès
lors leur caractéristique de guerre totale et sans merci.
A la faveur des guerres révolutionnaires et de l’Empire,
Pierre monta vite en grade. Il ne fut pas le seul. Pendant le Consulat
et l’Empire, « les nobles, qui avaient pratiquement le
monopole des postes d’officiers avant la Révolution,
ne constituent plus que 8% du groupe » remarque l'historien
Pierre Lévêque. « La place importante des anciens
officiers du commerce explique que 37% des lieutenants de vaisseau
sont issus des milieux du négoce. Les fils de militaires, surtout
de marins, sont nombreux également (13%). Les anciens marins
et officiers mariniers proviennent de milieux plus modestes. Dans
ce groupe on rencontre des fils d’artisans ou de petits commerçants.
Par contre, les jeunes gens débutant leur carrière comme
aspirants appartiennent à des milieux sociaux plus aisés
et sont fils de négociants, d’avocats ou de propriétaires.
» Pierre semble avoir commencé au bas de l’échelle,
tel un soldat issu d’un milieu modeste.
Ses états de services sont conservés par les archives
de la guerre. En 1793, il devint caporal. Puis 4e lieutenant dans
la 4e compagnie d’artillerie de la Guadeloupe… puis capitaine
où il servit « jusqu’à l’époque
de la révolte des nègres du 29 Vendémiaire an
10 ». Il fut ensuite chargé du service de l’arsenal
à la Pointe-à-Pitre, jusqu’au 3 Fructidor an 10,
puis incorporé au même grade dans la 66e Brigade de ligne
où il servit jusqu’en 1810, « époque de
la prise de la colonie par les anglais. Conduit prisonnier de guerre
en Angleterre.»
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